Une conférence sur l’inclusion organisée par L’Arche Agapè a été l’occasion d’approfondir la réflexion et de reconnaître que «le changement se fera en brisant les barrières et en sensibilisant les gens».
Dans un segment, son ami Jean Dansereau raconte : « J’ai rencontré Gil lors d’un souper dans son propre foyer. Et c’est intéressant parce qu’au niveau professionnel j’accompagnais un des membres de ce foyer-là… qui avait un peu plus de difficulté au niveau de son fonctionnement quotidien et de la gestion de ses émotions. Ce qui m’a frappé, c’est la tendresse que Gil pouvait avoir vis-à-vis de ces personnes-là. La tendresse qu’il pouvait avoir vis-à-vis moi aussi, alors qu’il me connaissait très peu, mais il y avait un tel accueil, une telle manière d’accueillir l’autre… »
Parler d’inclusion
Les conférenciers ont exploré différentes facettes de l’inclusion tout en réfléchissant à la construction d’environnements inclusifs. Ce fut une conférence fort enrichissante grâce à sa diversité de points de vue et l’important vécu derrière ses intervenants, messieurs Yves Séguin, Directeur général du CIPTO et Jean Dansereau de L’Arche Canada.
De gauche à droite : Nancy Lamothe, Jean Dansereau, Manu Allard et Yves Séguin.
Plusieurs ont été surpris du choix des 2 conférenciers. Ils étaient en effet très différents et n’ont pas nécessairement la même vision de l’inclusion. Yves Séguin, qui travaille avec des gens ayant des problèmes de consommation, s’est dit très étonné de monter sur scène dans le cadre d’une conférence pour la journée internationale de la Trisomie 21. « Quand j’ai reçu cette invitation, je me suis demandé qu’est-ce que j’allais aller faire là… ». À la surprise de tous, son point de vue complétait très bien les interventions de Jean Dansereau.
Yves, qui a présenté en premier, a parlé du processus d’exclusion et de marginalisation qui est le résultat de nos préjugés et de notre peur de la différence. Il a souligné qu’il incombait aux pouvoirs publics d’établir un cadre réglementaire plus ouvert et plus propice à la participation des groupes minoritaires. Il a donné comme exemple les politiques préconisant le développement de quartiers inclusifs avec une variété de logements, plutôt que la tendance actuelle de développement de logements uniformes qui facilite la ségrégation.
Jean a mis davantage l’accent sur l’importance d’une société qui valorise la contribution des gens en marge comme moteur du changement. Il a parlé du besoin pour chacun de se sentir partie prenante et d’être reconnu. Il a souligné l’importance non seulement d’aider les personnes vulnérables à s’exprimer et à s’épanouir, mais aussi de leur donner de réelles possibilités de contribuer à la société dans laquelle elles vivent. Il a invité le public à briser les mécanismes de l’isolement social dans leur vie quotidienne, par des gestes simples qui pourraient commencer par apprendre à connaître nos voisins. Il a dit qu’une société véritablement inclusive exige un changement pour chacun en découvrant la richesse de la diversité.
Tous deux ont parlé de l’importance de l’écoute, de la création de lieux de rencontre, Yves insistant davantage sur le besoin d’accompagnement et de soutien, Jean sur la relation de mutualité et sur la connaissance de l’autre.
On a le droit de rêver et de penser que l’inclusion est possible. Cependant, le changement doit venir de ceux qui ont le pouvoir de le réaliser. Ces personnes, afin d’y arriver, doivent s’impliquer dans les processus de réflexion et de prise de décision. En attendant que nos villes regorgent de quartiers inclusifs, il est important d’aller à la rencontre des gens que l’on veut aider.
L’inclusion commence par l’appartenance
Durant cette soirée, il était possible d’aller à la rencontre des membres de L’Arche Agapè. Ils avaient tous quelque chose à contribuer, que ce soit un câlin, une anecdote, un compliment ou un sourire. L’Arche nous invite à la transformation par des relations d’amitié avec des gens qui ont une déficience intellectuelle. Elle nous invite à aller plus loin et cherche à vivre une unité et non une uniformité.
Nancy Lamothe, responsable de la communauté de L’Arche Agapè, relate dans Mon ami Gil : « L’Arche pour moi, c’est vraiment la mutualité. C’est la relation, que je dirais plus dans mes mots, la relation entre les personnes de tout niveau, de tout style, qui ont une déficience, qui n’ont pas de déficience… Où on va vraiment tenter d’être à un même niveau. Où on va partager ensemble nos dons, nos défis, puis on va s’accompagner mutuellement dans ce qu’on va travailler ensemble. »
Hollee Card, alors responsable nationale de L’Arche Canada, a dit : « Mais en réalité, la façon dont on fait les choses [à L’Arche], ce n’est pas de faire ‘pour’ une personne qui a un handicap, mais c’est vraiment de faire ‘avec’ cette personne. Et en faisant ‘avec’, on développe une relation. Et cette relation transforme la personne ayant une déficience intellectuelle, mais aussi transforme chaque personne avec qui cette personne est en lien. »
Le changement pourra se faire en brisant les barrières et en sensibilisant les gens. C’est ce que L’Arche Agapè fait avec succès. Jean Dansereau l’a lui-même dit : « Une société inclusive pourra exister quand chacun y aura sa place et que chacun pourra y apporter sa contribution ».
Thalie Beaumont est étudiante en communications sociales à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. Diplômée en arts, lettres et communications (option médias) du cégep de l’Outaouais, elle se passionne pour l’écriture. Dynamique, Thalie est toujours ouverte à s’impliquer dans de nouveaux projets.